samedi 26 septembre 2015

L'entretien professionnel

Le 30 juin dernier, nous avons reçu un message de notre DRH nous informant d'une nouveauté chez Sealed Air : l'entretien professionnel 

Le message précise que cet entretien est obligatoire, qu'il aura lieu tous les 2 ans, et qu'il est distinct de l'évaluation.

Alléluia,  notre direction se décide enfin à mettre en place cette pratique que notre convention collective avait en fait rendue obligatoire par l'accord formation du 24 novembre 2004, il y a plus de 10 ans !

Pourquoi maintenant alors ?

Ce n'est pas faute de publicité, ni de rappels de notre part de ses obligations à notre employeur. l'OPCA (Organisme Paritaire de Collecte Agréé) avait alors diffusé le guide d'application ainsi que le support d'entretien validés par la CNPE (Commission Nationale Paritaire pour l'Emploi) de branche.

Les mauvais esprits remarqueront que l'obligation n'était alors accompagnée d'aucune sanction immédiate en cas de manquement de la part de l'employeur. En revanche, nos collègues seraient fondés à reprocher à la direction d'avoir négligé ces étapes au moment où elle prétend qu'ils ne sont plus adaptés à l'emploi chez Sealed Air. La Cour de Cassation a créé récemment une jurisprudence dans ce sens.


C'est la différence que vient d'introduire la loi du 5 mars 2014 :

Dans les entreprises d'au minimum 50 salariés, si le salarié n'a pas bénéficié au cours des 6 dernières années des entretiens professionnels prévus et d'au moins 2 des 3 actions prévues (action de formation, certification ou VAE, progression), son compte personnel de formation (CPF) est crédité à hauteur de :
  • 100 heures s'il travaille à temps plein (3000 €)
  • ou 130 heures s'il travaille à temps partiel (3900€)
Avant cela, notre responsable de formation faisait mine (certes très naturellement) de ne pas comprendre en affirmant qu'entretien professionnel et évaluation, c'était la même chose.


Mais alors, c'est quoi cet entretien professionnel ?

La direction affirme dans son guide que :
Sa finalité est de faire le point sur votre parcours professionnel avec votre hiérarchie (ou les Ressources Humaines) et d’échanger sur vos éventuels souhaits d’évolution professionnelle, en lien avec vos compétences, vos intérêts et les évolutions du Groupe.
La loi dit que :
Cet entretien vise à accompagner le salarié dans ses perspectives d'évolution, notamment en termes de qualifications et d'emploi. Il vise à identifier les besoins en formation.
Mais en plus d'un questionnement sur la manière dont le salarié envisage son évolution ou sa formation, et de ses souhaits, notre direction ne juge visiblement pas utile de mentionner que l'employeur a un devoir d'information: "sur les évolutions de son emploi, sur l'évolution de l'entreprise et de celle du salarié dans ce contexte, et sur les dispositifs de formation, en particulier le CPF (Compte Personnel de Formation).

Bien sûr, la direction n'a pas jugé utile d'associer les représentants des salariés à l'élaboration de son support et de son guide. Elle a même ignoré jusqu'alors le dernier accord de branche de mars 2015 qui traite du sujet.

Nous avons toutefois demandé de négocier un accord d'entreprise pour convenir des modalités de cet entretien chez Sealed Air comme nous invite à le faire le législateur. La direction refuse pour le moment, mais elle veut bien que nous lui adressions des questions...

Un dernier détail : la loi et l'accord de branche rappellent que l'entretien professionnel doit se dérouler en français.

jeudi 17 septembre 2015

Communication n’est pas information



La justification du changement de logo annonçait la couleur: l’augmentation du cours de l’action Sealed Air tenait, non pas à la plate évolution des ventes mais à la foi que plaçaient les actionnaires dans l’histoire qu’on leur racontait.



La clé serait donc la communication !



Pas la communication destinée à informer le citoyen ou le salarié, mais celle de la poudre aux yeux.


La ficelle est grosse ?

D’abord, l’employeur questionne chaque salarié individuellement, - flatteur, mon patron me demande mon avis… - il traite l’information collectée sans que nul salarié ne soit autorisé à contrôler ses résultats, il retient ce qui l’intéresse, puis il assène son diagnostic : ce que veut le salarié, c’est plus de communication !  


Peu importe que le salarié ait réclamé de l’information sur le fonctionnement de l’entreprise, de la visibilité sur la stratégie, qu’il n’est évidemment pas question de lui fournir.

Fort de cette conclusion et sur un jeu de mots, on va l’abreuver de communiqués chantant les louanges du gourou en occultant la réalité.



La contradiction n’existe pas. Tout le monde est isolé, qui oserait ?



Les représentants des salariés ?

L’intranet, la messagerie électronique, le réseau d’écrans plasma déroulent en boucle la propagande patronale. Ces canaux sont strictement interdits d’accès aux représentants des salariés ainsi privés d’exposer une autre version de l’histoire.



Mais qui est dupe ?



L’interrogation est pourtant évidente : Quel besoin de diffuser, en interne exclusivement, une vidéo martelant que les salariés sont heureux chez Sealed Air comme Casimir sur l’ile aux enfants ?



Tourné vers l’extérieur, ce message sirupeux pourrait se justifier par la nécessité de séduire des talents que l’on voudrait attirer, mais vers les salariés eux-mêmes ?

Pourquoi leur répéter qu’ils sont comme au paradis ? Si c’était vrai, n’en auraient-ils pas déjà pleinement conscience ?



Aux États-Unis aussi, une vidéo guimauve a mis en scène 2 familles de salariés qui racontent combien leur migration vers Charlotte (le futur siège mondial) les a épanouis. 

Cela doit-il suffire à faire oublier que des centaines d’autres familles verront leur équilibre bouleversé par la perte d’un emploi, car bien sûr, il n’y a pas de place pour tout le monde, et que la délocalisation n’est pas envisageable pour de nombreuses familles, ce que ne dit évidemment pas la vidéo.


Au risque de gâter l’illusion, nous éprouvons le besoin de témoigner des dégâts humains qu’entraîne cette politique : le licenciement de centaines de salariés, de préférence quand ils ont passé la cinquantaine, le stress causé par la surcharge de travail, celui que la perversité de l’organisation génère, la surveillance généralisée, la sous-traitance à outrance, l’externalisation des fonctions, l’optimisation fiscale qui prive l’État de recettes - il faudra réclamer plus aux ménages - et qui confisque aux salariés leur part des bénéfices en amputant d’autant la participation.