Le message précise que cet entretien est obligatoire, qu'il aura lieu tous les 2 ans, et qu'il est distinct de l'évaluation.
Alléluia, notre direction se décide enfin à mettre en place cette pratique que notre convention collective avait en fait rendue obligatoire par l'accord formation du 24 novembre 2004, il y a plus de 10 ans !
Pourquoi maintenant alors ?
Ce n'est pas faute de publicité, ni de rappels de notre part de ses obligations à notre employeur. l'OPCA (Organisme Paritaire de Collecte Agréé) avait alors diffusé le guide d'application ainsi que le support d'entretien validés par la CNPE (Commission Nationale Paritaire pour l'Emploi) de branche.
Les mauvais esprits remarqueront que l'obligation n'était alors accompagnée d'aucune sanction immédiate en cas de manquement de la part de l'employeur. En revanche, nos collègues seraient fondés à reprocher à la direction d'avoir négligé ces étapes au moment où elle prétend qu'ils ne sont plus adaptés à l'emploi chez Sealed Air. La Cour de Cassation a créé récemment une jurisprudence dans ce sens.
C'est la différence que vient d'introduire la loi du 5 mars 2014 :
Dans les entreprises d'au minimum 50 salariés, si le salarié n'a pas bénéficié au cours des 6 dernières années des entretiens professionnels prévus et d'au moins 2 des 3 actions prévues (action de formation, certification ou VAE, progression), son compte personnel de formation (CPF) est crédité à hauteur de :
- 100 heures s'il travaille à temps plein (3000 €)
- ou 130 heures s'il travaille à temps partiel (3900€)
Mais alors, c'est quoi cet entretien professionnel ?
La direction affirme dans son guide que :
Sa finalité est de faire le point sur votre parcours professionnel avec votre hiérarchie (ou les Ressources Humaines) et d’échanger sur vos éventuels souhaits d’évolution professionnelle, en lien avec vos compétences, vos intérêts et les évolutions du Groupe.La loi dit que :
Cet entretien vise à accompagner le salarié dans ses perspectives d'évolution, notamment en termes de qualifications et d'emploi. Il vise à identifier les besoins en formation.Mais en plus d'un questionnement sur la manière dont le salarié envisage son évolution ou sa formation, et de ses souhaits, notre direction ne juge visiblement pas utile de mentionner que l'employeur a un devoir d'information: "sur les évolutions de son emploi, sur l'évolution de l'entreprise et de celle du salarié dans ce contexte, et sur les dispositifs de formation, en particulier le CPF (Compte Personnel de Formation).
Bien sûr, la direction n'a pas jugé utile d'associer les représentants des salariés à l'élaboration de son support et de son guide. Elle a même ignoré jusqu'alors le dernier accord de branche de mars 2015 qui traite du sujet.
Nous avons toutefois demandé de négocier un accord d'entreprise pour convenir des modalités de cet entretien chez Sealed Air comme nous invite à le faire le législateur. La direction refuse pour le moment, mais elle veut bien que nous lui adressions des questions...
Un dernier détail : la loi et l'accord de branche rappellent que l'entretien professionnel doit se dérouler en français.